lundi 31 octobre 2011

Libraire un jour, libraire toujours

L'article du monde techno La fin de la librairie, 1ère partie sorti le 28 octobre et visible ici m'a plombé le moral presque autant que la finale de la coupe du monde de rugby. (presque)

Non pas que je ne sois pas déjà au courant du quotidien difficile des libraires indépendants, ni que je ne fasse pas partie des raisons de ce déclin car dés qu'il y a moyen de commander en ligne, je suis la première sur le coup pour des raisons que j'expliquerai plus bas.

C'est juste que samedi je suis retournée dans la petite librairie de mon enfance adolescence et voilà ce qu'il s'est passé :
Le libraire : Bonjour!
Moi : Bonjour...
Je farfouille tous les recoins pour trouver un livre qu'ils n'ont pas puis je tombe sur le 6eme tome de A comme Association d'Erik L'homme. Ni une, ni deux, je m'en empare tel un fauve qui aurait peur d'être privé de dîner. Puis je me dirige vers la caisse.
Le libraire : Ha c'est le dernier tome sorti.
Moi : Oui. (on ne remarquera pas mon manque de loquacité dû à une courte nuit)
Le libraire : Dans le même genre il y a Instinct aussi qui est pas mal.
Moi : C'est de qui ? (vous remarquerez que le libraire a su me réveiller)
Le libraire : Villeminot. Il écrit des polars, mais là il a repris un peu l'idée des Animagus dans Harry Potter, c'est vraiment bien.
Moi : Ha ok merci, la prochaine fois alors. (on ne remarquera pas ma radinerie due à ma paye qui tarde à arriver)
Tout ça pour dire que dans une grande surface on aurait eu le droit à :
La caisse : BIP...BIP... livre noyé au milieu de la masse...BIP
Moi : ...
La caissière : Ça fera 54€65 et vous avez des réduction sur les couches pour la prochaine fois car vous avez acheté de la crème fraîche.
A la FNAC
La caisse : BIP
Moi : ...
La caissière : Vous voulez un sac?
Sur Amazon.com :
Moi : clic, clic, clic.
Mon compte en banque : Aïe.
Ma boite mail : Amazon vous recommande CE BOUQUIN, CELUI-CI et CELUI-LA.
Et là je me dis "mais pourquoi est-ce que je continue à commander sur le net ou à acheter à la Fnac alors que mon libraire il est trop gentil et que lui, il s'y connaît en livre ? Hein, pourquoi ?"


Raison n°1 : Les livres en anglais (italien, russe, brésilien, polonais, bref, en VO)
Tout le monde a déjà regardé un film en version originale sous-titrée. Certains ne jurent peut-être que par ça. D'autres se sont simplement dit "les voix originales sont mieux quand même" ou encore "la VF est finalement plus drôle". En gros que ce soit pour les films ou les livres c'est pareil : une version originale et une version française, c'est (très) différent. Et lorsqu'on a goûté à la VO, qui est généralement mieux au point de vue écriture et qui en plus coûte souvent 2 à 3 fois moins cher, et bien il est ensuite difficile d'acheter les grands formats Hachette à 20 €. (maison d'édition prise totalement au hasard bien sûr...)

Raison n°2 : La disponibilité
Comme le prouve mon exemple de samedi dernier (car ce que je ne vous ai pas dit c'est que le fameux livre non trouvé à la librairie fut ensuite trouvé à la Fnac), les petites librairies n'ont pas toujours tout. Hé normal, elles n'ont pas 500m² elles, puisque les loyers en ville sont de plus en plus chers. Donc dans l'espace souvent réduit qu'ils possèdent, les librairies mettent ce qu'ils peuvent. Et manque de bol, des fois ce n'est pas ce qu'on cherche, et on est obligé de se rabattre sur une grande surface spécialisée. Il est possible de commander bien sûr, mais dans ce cas là autant aller sur le net et se le faire livre chez soi, non ? Cependant lorsqu'on dit à son gentil libraire "mais euh...C'est celui là que je voulais!" il se peut qu'il vous réponde : "attendez, je regarde dans les librairies du coin, il y en a qui l'ont peut-être en stock" car certains libraires se sont désormais regroupés! Le but : rivaliser justement avec les grandes surfaces spécialisées de type Fnac, Decitre, Cultura. Cela peut être à l'initiative de quelques libraires, mais sinon le site 1001libraires.com tente de généraliser le mouvement, à la manière d'un Amazon français. Mais le gros avantage c'est de savoir si l'objet de votre désir est disponible dans une librairie du coin et aller le chercher immédiatement. Ça peut être une révolution, à condition que tous les libraires s'y mettent...

Raison n°3 : les horaires d'ouvertures
Voyez-vous, je travaille. Pas depuis longtemps, certes, mais quand même! Et souvent je n'ai pas le temps d'aller dans les magasins le soir, donc je me rabats sur le net, ouvert 24h/24 et même livrable au boulot. Ceci-dit, ce n'est pas une excuse.

Raison n°4 : il n'y a pas de librairie près de chez moi
C'est le serpent qui se mord la queue! A cause de la baisse des ventes de livres, il y a moins de libraires, donc les gens vont moins en librairie, donc il y a moins de libraires. Oh le joli cercle vicieux...

Tout ça pour dire que pour les gens qui lisent beaucoup, la librairie du coin n'aura pas toujours LE livre dont on a besoin tout de suite (oui car quand on lit beaucoup, c'est impulsif le désir de lire, ça ne peut pas attendre), donc même si ces personnes apprécient le contact avec le libraire, ils iront souvent chercher ailleurs aussi. Un peu comme à l'époque, ceux qui téléchargeaient le plus la musique étaient également ceux qui achetaient le plus de CD en magasin... Et ceux qui lisent peu se rabattront en effet sur les grandes surfaces spécialisés voir les grandes surfaces tout court car il n'y a pas besoin d'aller plus loin quand on cherche Twilight ou le Goncourt de l'année.

Le mot de la fin : dommage... Il ne faut cependant pas être défaitiste, je crois qu'il y a des moyens de faire vivre ces commerces car ils proposent des conseils qu'on ne trouve pas ailleurs. Par contre il est important de noter que derrière ce débat "de façade" se cache également le débat du fond. Les grands magasins auront tendance à uniformiser leurs rayons, vous trouverez les mêmes têtes de gondole à la Fnac et à Décitre, alors que le libraire lui, peut choisir de mettre en avant des auteurs qu'il a vraiment aimé (sous-entendu, pas seulement parce que quelqu'un a mit les sous qu'il fallait). Le risque est présent pour les lecteurs (de moins en moins de choix) mais également pour les auteurs (comment se faire voir).

L'image de la fin, un dessin de Chapatte illustrant un article de 2008, qui se demandait quand arriverait la crise du livre...

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